dimanche 2 mai 2004

Liberté non émis à 1,95


Poinçon chiffré à 1,95
Poinçon chiffré à 1,95 © Musée de la Poste (Dimensions du poinçon : 8x7 cm)
Lors d'un récent passage au Musée de la Poste à Paris (je vous invite à faire de même, l'accueil y est excellent et les pièces exposées magnifiques), j'ai découvert dans une boîte regroupant les poinçons de la Liberté de Gandon, un poinçon " non émis " à 1,95F !
Boîte contenant le poinçon
Boîte du poinçon, numéroté Y&T 2178 (n° du 0,05F)
Gravé à 1,95F, ce poinçon transfert non trempé est curieusement rangé dans sa boîte sous le numéro Yvert 2178, celui du 0,05F. Reçu au Musée de la Poste le 23 juin 1983, je me suis demandé l'utilisation prévue de ce projet de timbre.
Si le Musée de la Poste a reçu ce poinçon le 23 juin 1983, c'est qu'il devait avoir une utilisation programmée en principe cette même année ou pas très loin. Consultons les tarifs postaux pour avoir un peu plus d'informations.
Les tarifs postaux non arrondis à la dizaine de centimes, donc nécessitant un complément de la Liberté à 0,05F ou 0,15F, ne sont pas légion.
Dans le régime intérieur, peu de tarifs courants " biscornus " sont répertoriés, hormis peut-être celui des imprimés électoraux : 0,15F en septembre 1981, puis 0,17F en juin 1982, 0,18F en juin 1983... Nous sommes loin des 1,95F recherchés pour justifier l'émission d'un tel timbre. Notons au passage la difficulté d'affranchir un imprimé électoral avec des timbres quand celui-ci est à 0,18F ou 0,19F et que les 0,01F et 0,02F Sabine sont retirés depuis longtemps (le 8 octobre 1982) !
Dans le régime international, les tarifs en 5c sont plus courants, dès lors que l'on ajoute les surtaxes aériennes ; celles-ci justifient le maintien des deux Liberté à 0,05F et 0,15F, valeurs qui disparaîtront d'ailleurs en 1987 et 1988 avec les arrondis effectués sur les surtaxes puis avec la suppression de la surtaxe. Mais là encore, aucun tarif suffisamment courant ne justifie l'impression d'une valeur à 1,95F ! N'oublions pas que le tarif de base pour l'étranger est toujours supérieur à 1,95F (2,30F, 2,60F, 2,80F...).
On ne peut pas non plus considérer le 1,95F comme une valeur d'appoint, la somme n'est pas ronde. D'autres Liberté ont déjà cette "mission" : 1,00F olive, 2,00F vert-jaune, 3,00F brun...
Montage d'une Liberté à  1,95
Visualisation (montage numérique)
Il ne reste alors qu'une hypothèse. Le tarif de la lettre simple jusqu'à 20g est à 1,80F depuis le 1er juin 1982. Nous avons déjà le 1,80F Liberté rouge. Puis ce tarif passe à 2,00F le 1er juin 1983. Peut-être que le gouvernement, en place depuis peu, a voulu limiter l'inflation et l'insatisfaction du public, et donc passer ce tarif de 1,80F à 1,95F . Mais en plus de pertes financières pour la Poste, cela devait probablement peu enchanter les postiers, rendant la vente par multiples d'un tel timbre ou le calcul de tarifs composés assez complexe. C'est pourquoi ce projet finira sa course dans une petite boîte du Musée de la Poste, ne connaissant pas la gloire de ses confrères.
Si vous avez vous aussi d'autres éléments, n'hésitez pas à nous en faire part.
Remerciements à MM RABIER et THIELLEUX pour leur aimable accueil.
Musée de la Poste
34 bd de Vaugirard
75015 PARIS
Ouvert de 10h à 18h sauf dimanche et jours fériés
Olivier BERNADET (extrait du bulletin n°65 du 4ème trimestre 2003)

samedi 1 mai 2004

Épreuves de la Marianne de Decaris

Essai de repérage pour la Marianne de Decaris




Essai de repérage pour la Marianne de Decaris. Épreuve issue du premier poinçon finalement non émis - avec petit 0 et sans virgule.
Sur le papier est imprimée une couleur et sur le " plastique " ?? l'autre couleur, comme on peut le voir sur les deux parties ci-dessous.
La tache située en haut est provoquée par l'adhésif qui permet d'examiner chaque couleur séparément ou de superposer les deux couleurs.
Marianne sur plastique

Épreuve sans la Marianne

Épreuve en taille-douce en noir

Épreuve sans la Marianne
Épreuve privée, issue d'un des deux poinçons taille-douce réalisés à l'époque par Albert Decaris ; aucun des deux n'a servi, sauf sur l'encart présenté dans ce numéro par François Guilbaud ; il s'agit d'ailleurs du deuxième... regardez attentivement la forme des chiffres !
A noter que la figurine est au format des TP taille-douce, donc plus grand, comme la Marianne de Cocteau.
Les deux poinçons, bien sûr au Musée de la Poste, étaient reproduits dans l'article de J-L.Trassaert, sur la naissance d'une Marianne, publié dans le bulletin Marianne n°57 de novembre 2001.

Épreuve en noir avec mention valeur refaite

Épreuve sans la Marianne
Épreuve privée du deuxième poinçon : "valeur refaite avec zéro plus grand et virgule".

Épreuve d'atelier

Épreuve d'atelier
Inconnue encore il y a peu de temps, ce qui est exceptionnel pour un timbre d'usage courant, cette épreuve est signée par Albert Decaris et Jules Piel ; contrairement aux autres épreuves reproduites dans cet article, elle n'est pas d'origine privée... Un deuxième exemplaire vient d'être découvert, ce qui n'altère pas la rareté de cette pièce !!
Christophe CHAZALON (extrait du bulletin N°63 du 2ème trimestre 2003)


Épreuve aquarellée de la Marianne de Gandon


La Marianne de Gandon, dans sa version taille-douce et en particulier dans sa version grand format, est considérée par beaucoup comme la plus belle Marianne de France. Après la Marianne de Fernez (imprimée en lithographie à Alger) et la Marianne de Dulac (imprimée en taille-douce à plat à Londres), c'est la figurine conçue et imprimée sur le sol national à représenter la France, par une Marianne, après la fin de la seconde guerre mondiale. Elle a été choisie par le Général de Gaulle, c'est une prérogative de chef de l'état.

Ce symbole de la France va dès lors truster, sous différentes incarnations, la plupart des timbres de la lettre simple émis par la suite.

S'agissant de taille-douce, le graveur (Pierre Gandon, qui a aussi dessiné la Marianne en s'inspirant de sa femme) grave en creux et à l'envers, sur de l'acier doux, son œuvre. Pour vérifier son travail, il utilise une presse à bras et imprime sur petit feuillet des épreuves (à un nombre réduit, mais difficilement quantifiable en l'absence de contrôle à l'époque, de l'ordre de 20 à 40).

Cette épreuve d'artiste signée au crayon et encrée en noir a été rehaussée à l’aquarelle, ce qui lui donne un charme indiscutable et un aspect exotique car la version émise est monochrome comme la quasi-totalité des Marianne.

Par contre, il faut souligner que cette opération est complètement inutile du point de vue de la fabrication (il n'y avait aucune chance que cette Marianne soit émise en couleur), et qu'elle est difficilement expertisable (l'auteur est-il Gandon ou quelqu'un d'autre, peut-être bien après l'émission ?).