Je me souviens avoir vu encore il y a une dizaine d'années, à la recette principale de Besançon, un cahier, tenu jour après jour, des valeurs fiduciaires retrouvées dans le service.
Il était interdit aux agents de les récupérer sauf à les rapporter au cadre responsable qui en tenait une comptabilité détaillée. Dommage que de tels registres aient été détruits !
Fig. 1 : Griffe justifiant l'absence de timbre
Dans certains bureaux, ce phénomène devait être tellement courant que l'on créa des griffes spécifiques où l'on n'avait plus à ajouter que la date et la signature, comme sur cette carte pour un jeu-concours au bureau de Paris 09 (fig.1). Notons que les mentions sont devenues quasiment illisibles en 1986 et que le mot " DETERIOREE " peut aussi bien s'appliquer à la griffe elle-même !
Fig. 2 : Marianne de Briat sans valeur faciale (sans doute)
Ce sont surtout les machines à oblitérer qui provoquent ces disparitions, en particulier avec les timbres autocollants même si, ici (fig.2), il reste tout de même un petit morceau de notre Marianne de Briat avec sa cocarde. Ouf !
Fig. 3 : Pli taxé
Le comble est que La Poste ne se rend pas toujours compte de sa propre responsabilité dans ces disparitions et qu'elle n'hésite pas à taxer des plis comme s'ils n'étaient pas affranchis, comme cette lettre du 11 juin 1990 (fig.3), également pour un jeu-concours.
Fig. 4 : Pli avec taxe annulée
Heureusement, certains postiers luttent contre ces taxations abusives, comme sur cette lettre (fig.4) que la R.P. de St-Etienne a taxée à l'aide de sa machine SATAS et qui a été refusée par le destinataire, comme le font habituellement les administrations. Au retour, un agent de La Poste de Firminy s'est aperçu que le pli avait bien été affranchi initialement et qu'il convenait de le ré acheminer et de le redistribuer sans taxe, d'où ses annotations justifiées en rouge.
Fig. 5 : Courrier déterrioré par des innondations
Voici, par exemple (fig.5), une catastrophe naturelle survenue la nuit de Noël 1995. Une résurgence du Doubs, la rivière dénommée la " Loue ", a en effet brusquement monté cette nuit-là, jusque dans la boîte aux lettres du bureau de poste de Quingey, inondant environ 200 plis que le chef d'établissement a fait sécher sur son radiateur avant de les revêtir d'une étiquette explicative et de son timbre à date puis de les acheminer ainsi.
Fig. 6 : Courrier accidenté
Dans le même genre, les accidents en cours de transport nous permettent de dénicher des plis à conserver habituellement. Notre collègue Christian BARRET, avec sa superbe collection sur le 2,20 F Liberté, nous a montrés (dans Timbres Magazine de décembre 2003) deux lettres qui proviennent de l'accident au décollage d'un avion de l'Aéropostale, survenu à Blagnac le 29 janvier 1988. Le courrier était originaire de tout le Sud-Ouest et à destination de la région parisienne. Il a été récupéré en l'état, annoté d'une griffe rouge puis ré-acheminé sur sa destination. Certains plis ont vu leur figurine brûler ou se décoller comme cette lettre (fig.6) de Paris R.P. pour le centre des Impôts d'Ermont dans le Val d'Oise. Mais, me direz-vous, comment se fait-il qu'elle soit revêtue d'une telle griffe, apposée à Toulouse ? Alors, regardez bien l'indexation au bas de l'enveloppe : elle a été codée par erreur 65120 au lieu de 95120, le code postal d'Ermont. Arrivée donc au centre de tri de Tarbes le 28 janvier (qui a rayé l'extrémité des barres représentant un " 6 " pour qu'elles ne soient pas relues), la lettre a été re-dirigée sur Paris et s'est retrouvée dans l'avion en question...
Il y a des plis vraiment malchanceux... et des philatélistes heureux !
Fig. 7 : Timbre maculé
Terminons par une devinette : de quel timbre-poste est revêtue cette lettre (fig.7) passée par la SECAP bien encrée (!) de Lons-le-Saunier R.P. ?
Toutes ces curiosités m'amènent à poser une question plus large (et plus sérieuse ?) : pourrait-on inclure ce genre de plis dans une monographie, de Liberté ou de Briat par exemple ?
Laurent BONNEFOY (extrait du bulletin n°65 du 4ème trimestre 2003)
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